BEFORE WE TURN TO STONE. (R)

Citation :: ❘▶
If you wait for someone else's hand, you'll fall
I know that I am nothing new
My words might not seem much to you.

Mason Ainsworth, le fils du maire. Décrié par certains, admiré par d'autres. Ce qui était sûr, c'est qu'il ne laissait personne indifférent, et que tous ses faits et gestes étaient observés et relatés dans le journal local. Sa disparition il y a un an avait fait coulé beaucoup d'encre, et son retour il y a quelques semaines encore plus. Le jeune homme avait fui la ville à cause de problèmes avec son père et avec sa petite amie de l'époque, Avery Nielsen. Il était parti du jour au lendemain. Seulement une rupture froide et douloureuse avec Avery, et une lettre pour son père. Puis il avait décollé en direction de New York, une ville avec de la population, de l'urbanisation, et là où il pourrait être anonyme. Mais le devoir l'avait appelé, il devait rentrer au bercail parce que son père était malade. Oh, bien sûr qu'il allait s'en remettre ! Mais en attendant, c'était à lui de s'occuper de la mairie. Et il avait pensé que c'était une bonne nouvelle, au départ. Il pourrait rénover la ville comme il le voulait, remettre un peu d'ordre dans le chantier de son père, qui un jour s'était réveillé avec l'idée de faire une ville écolo. Non mais quelle connerie, sérieusement ! Seulement, il s'était vite rendu compte que ça n'allait pas être le cas. Sur le coup, il y avait sa soeur, Toni, et la secrétaire tant aimée de son père, Prue Emerson. Et il avait vite compris qu'il n'allait pas pouvoir faire ce qu'il voulait, ce qui faisait que ce fameux "cadeau" s'était plutôt transformé en véritable cauchemar. Mason n'avait jamais travaillé de sa vie, se reposant sur l'argent de papa. Ca lui changeait du tout au tout, et il n'aimait pas du tout cela. Tous les matins, le réveil sonnait et lui donnait des envies de suicide, et tous les jours il devait se taper de la paperasse, car c'est cela qui était le plus important dans le boulot de maire. Ce mercredi-là n'échappait pas à la règle. Après avoir pris sa douche et s'être habillé, il avala une tasse de café et se dirigea vers la mairie, à pied évidemment. Vu que les voitures étaient bannies de la ville, il n'avait pas tellement le choix. Et il préférait encore marcher que d'y aller en vélo. Il n'avait vraiment aucune allure dessus. Enfin, il arriva avec quelques minutes de retard - mais ça, c'était presque normal venant de lui, et tout le monde dans l'enceinte de la mairie le savait, ce pourquoi ils ne dirent rien. Il allait s'installer tranquillement dans son bureau, où il commença alors petit à petit à remplir les papiers qu'il devait remplir. C'est à l'heure du déjeuner qu'il décida de sortir de son bureau. Il n'avait pas faim, mais disons qu'un café ne lui ferait pas de mal pour tenir la journée. Et c'est en arrivant dans le hall qu'il remarqua la chevelure rousse à l'accueil, une chevelure qu'il connaissait très bien...

the dust has only just begun to form
but you just can't hide the pain

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« Tu peux passer récupérer les papiers pour le mariage à la mairie ? » demanda Ari tout en s'affairant à ranger ces derrières affaires dans un sac. Dos à lui, Avery se mit à grimacer. La mairie était bien le seul endroit où elle voulait se rendre en ce moment. C'était à présent le QG du fils du maire, Mason Ainsworth, son ex petit-ami qui lui avait brisé le coeur sans remord. Depuis son retour à Bakersfield, Avery faisait de son mieux pour ne pas croiser le chemin de ce dernier. Ce qui n'était pas des plus compliqué tant qu'elle évitait les alentours de la mairie, ainsi que les lieux où ils avaient l'habitude de se rendre quand ils étaient encore en couple. Puis entre son travail et les préparatifs de son mariage, elle n'avait pas une minute à elle, du moins elle ne s'en donnait pas. Il n'y avait comme ça aucune tentation que d'aller voir ce qu'il était devenu. Elle se retourna vers son fiancé, un sourire plus faux que jamais sur ses lèvres. « Bien sur. » répondit-elle l'estomac noué. Il s'approcha d'elle, venant déposer un baiser sur ses lèvres en guise de bonne journée avant de prendre la porte et de vaquer à ses occupations. Elle s'effondra sur la chaise près d'elle aussitôt que la porte de l'appartement claqua, prise de panique. Mercredi, on était mercredi, elle avait peut-être ses chances qu'il soit en congé ce jour-ci. Puis le connaissant il ne devait pas foutre grand chose de ses journées à la mairie, s'accordant probablement plus d'une journée de repos. L'heure avoisinait les midi, elle n'était seulement qu'à une bonne dizaine de minutes de marche de la fameuse marie. Priant qu'il ne s'y trouve pas, elle attrapa son sac à main, une veste pour la petite brise qui soufflait aujourd'hui sur la ville et quitta son appartement. Sur le chemin, elle se retint plus d'une fois de faire demi tour et d'appeler Ari pour lui dire qu'elle avait eu un empêchement et qu'il devait lui, chercher ces papiers. Mais tout comme elle, Avery ne voulait pas qu'Ari aperçoive Mason. Elle n'était pas crédule au point de croire qu'il n'avait pas entendu parlé de son retour, mais ils n'en avaient aucunement parler ensemble. Elle avait toujours été très évasive sur sa relation avec Mason avec Ari. Elle n'aimait pas en parler, et encore moins à lui. Elle arriva enfin devant l'entrée imposante de la mairie. Le coeur battant la chamade, elle jeta un furtif coup d'oeil vers les fenêtres voir si elle ne l'apercevait pas. Non. Elle souffla un bon coup et pénétra enfin dans le bâtiment. Elle ne s'attarda pas plus longtemps et se rendit aussitôt à l'accueil. Personne, parfait. Après un bonjour de politesse, elle demanda à la demoiselle qui tenait l'accueil, les papiers nécessaire pour son mariage. Elle lui demanda de l'attendre quelques minutes, quittant son bureau pour les chercher. Elle se mit à taper du pied nerveusement, tout en jetant un regard tout autour d'elle jusqu'à qu'il s'arrête sur la silhouette qu'elle désirait tant éviter. Son coeur se stoppa aussitôt pour reprendre de plus belle. Et merde. « Mason.. » souffla t'elle nerveusement.

Mason se plaisait à dire et à penser qu'il n'était qu'un homme qui s'amusait des femmes, qu'il ne ressentait pas grand chose. Ce n'était pas un grand romantique dans l'âme, plus un goujat. Du moins, au jour d'aujourd'hui. Il fut un temps où il était tout le contraire de ça. Un petit ami aimant et romantique, qui aimait faire plaisir à sa petite femme, comme il aimait si bien l'appeler à l'époque. Mais c'était son passé, un passé qu'il s'efforçait à oublier, à enterrer. Il semblait presque appartenir à une autre vie. Après tout, il était un tout différent homme, un an après. Pourtant, il ne pouvait nier que quand son regard se posa sur la chevelure rousse dans laquelle il avait tant aimé passer ses doigts, son coeur fit un bond, et pas un petit. Il savait qu'il risquait de la voir, mais depuis son retour il l'évitait. Elle avait sûrement tourné la page, peut-être même trouvé un autre homme. Elle méritait d'être heureuse, et peu d'hommes pouvaient résister à son charme. Seulement, il n'était pas sûr qu'il voulait la voir heureuse avec quelqu'un d'autre qu'avec lui. Il lui avait brisé le soeur - et son propre coeur, par la même occasion -, et il ne la méritait plus, même s'il savait qu'il n'avait jamais été à sa hauteur, même lorsqu'ils étaient ensemble. Lorsque le jeune homme eut repris ses esprits, il afficha un air décontracté, presque je-m'en-foutisme. Il lui avait fait croire qu'il ne l'aimait plus, du jour au lendemain. S'il commençait à agir différemment, il ne serait plus crédible une seule seconde. Les mains dans les poches, il s'approcha de l'accueil, prêt de la charmante hôtesse d'accueil. « Avery. Tu as l'air en forme. » dit-il plus par politesse et pour faire bonne figure en public plutôt que par immense sincérité. Il était sur le point de ne pas donner suite à cette scène affreusement gênante et de retourner s'enfermer dans son bureau, lorsque la jeune femme trouva enfin les papiers et les tendit à Avery. « Voilà, tout est là. Je vais vous expliquer un peu ce que vous devez faire. Une date est déjà prévue ? » Cette phrase, cette question. On ne la posait que pour une certaine occasion. Et quand il se retourna et vit la tête des papiers, il devina très clairement qu'il avait raison. Son regard croisa celui d'Avery, tandis qu'à l'intérieur de lui, il ressentait des tas de sentiments plus contradictoires les uns que les autres. Il n'avait pas le droit d'être jaloux, de lui en vouloir. S'il n'avait pas joué au con, ils seraient toujours ensemble. Mais il ne voulait pas se marier, ni avoir d'enfants. Chose qu'Avery ignorait totalement, mais qu'elle avait fini par faire avec un autre homme. Soudain, un téléphone sonna. « Je suis désolée, M. Ainsworth. C'est mon mari. » Le jeune homme ne voulait pas prendre le relais, mais que pouvait-il faire d'autre ? Il acquiesça et la jeune femme s'éloigna. C'était la pause déjeuner, la mairie était déserte. Ils étaient seuls, entièrement seuls. Il s'approcha de l'accueil, et prit en main les papiers. C'était lui qui était chargé de tout lui expliquer, c'était malin. Il se racla la gorge. « Hum... Alors ces deux papiers, c'est à toi de les signer, et ces deux-là, c'est à... lui. Et vous devez fournir différents papiers, il y a la liste marquée au dos. » Mais pendant qu'il parlait, quelque chose se produisit en lui. Il passa de la gêne à la colère, et ne se priva pas pour le montrer. « Je vois que tu n'as pas perdu ton temps. » lança-t-il d'une voix froide en lui tendant les papiers, sur un ton de reproche.

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Il n'avait pas changé. Ses traits de visage, son regard, son corps, sa prestance, il était resté comme dans ses souvenirs. Il n'avait pas prit une ride, un ou deux cheveux blanc s'étaient peut-être ajoutés, mais il était toujours l'homme séduisant qu'elle avait tant aimé. Son coeur se broya en croisant son regard bleuté. Il fallait s'y attendre. Elle n'aurait pas pu l'éviter éternellement, ils auraient fini un jour ou l'autre par se croiser. Le plus tard aurait été le mieux, mais maintenant qu'elle était face à lui elle ne pouvait pas faire comme si elle ne l'avait pas vu. Il s'approcha d'elle, totalement décontracté, comme si de la revoir ne lui faisait rien. Absolument rien. Après tout cela ne devrait guère l'étonner, c'était bien lui qui lui avait dit du jour au lendemain qu'il ne ressentait plus rien pour elle. « Avery. Tu as l'air en forme. » Oui. Elle avait meilleure mine que la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Face à lui, à seulement quelques pas l'un de l'autre, elle sentit toute sa frustration, sa colère refaire surface peu à peu en elle. Celle qu'elle avait enterré au plus profond d'elle depuis son départ. Mais elle ne lui offrirait pas le plaisir de voir qu'il avait toujours une emprise sur elle. Non, probablement comme lui, elle avait avancé, elle était heureuse aujourd'hui. « Voilà, tout est là. Je vais vous expliquer un peu ce que vous devez faire. Une date est déjà prévue ? » Son coeur fit un bond. Avery avait totalement oublié cette petite assistante qui était aller chercher ses papiers. Papiers concernant son mariage. Mariage qu'elle n'avait aucunement envie que Mason apprenne. Mais c'était trop tard, elle vit le regard de ce dernier ce poser sur les fameux papiers. Elle se sentit défaillir. Il posa aussitôt son regard dans le sien qui la fit frissonner. Il venait à peine de se retrouver qu'il découvrait déjà qu'elle était fiancée. Et puis merde, elle n'avait aucun remord à avoir. C'était lui après tout qu'il l'avait quitté. C'était lui qui l'avait poussé à refaire sa vie. Il ne s'attendait tout de même pas à la retrouver encore chez elle à broyer du noir. « Je suis désolée, M. Ainsworth. C'est mon mari. » Cerise sur le gâteau, la dernière personne qui leur permettait de rester civiliser quittait la pièce laissant ces papiers aux mains de Mason. Elle fronçais les sourcils. Elle n'avait aucunement envie de l'entendre lui expliquer ce qu'elle devait faire avec. « Hum... Alors ces deux papiers, c'est à toi de les signer, et ces deux-là, c'est à... lui. Et vous devez fournir différents papiers, il y a la liste marquée au dos. » Il n'était pas sérieux. Ils n'avaient pas à faire semblant que tout était 'cool' entre eux, car ce ne l'était pas. Elle lui en voulait toujours, elle lui en voudrait probablement tout sa vie. Elle ne voulait pas être civiliser avec lui, elle ne voulait pas de lui dans sa vie. Il l'avait fait trop souffrir. Se tenir là, ainsi, face à lui, la blessait encore un peu plus qu'elle ne l'était déjà. « Je vois que tu n'as pas perdu ton temps. » Elle écarquilla aussitôt les yeux. Il venait réellement lui faire des reproches. Il n'avait pas à la juger. Il avait perdu ce droit en lui brisant le coeur. « Les réflexions de ce genre tu peux te les garder. » répondit-elle sèchement tout en lui arrachant les papiers des mains. C'était sa vie désormais, et non la leur. Et elle ne lui demandait pas son avis. « Je n'ai pas chercher à te contacter, à te retrouver. Je t'ai laissé comme tu le souhaitais, alors vient pas me juger sur ma vie maintenant que tu es de retour en ville. »

Un an. Trois cents soixante-cinq jours. Voilà le temps qu'il avait passé sans avoir posé une seule fois son regard sur le visage de la rouquine qu'il avait tant aimé. Il avait pensé qu'après tout ce temps, il se sentirait moins coupable, qu'il souffrirait moins. Certes, elle était son premier amour, et il l'avait quittée pour une grave erreur, il lui avait menti mais il était toujours fou amoureux d'elle. Il ne pourrait jamais la laisser partir, elle faisait partie intégrante de lui, il n'y pouvait rien. Mais il n'aurait jamais imaginé ressentir... ça. C'était comme s'il venait de la perdre, comme si la distance n'avait servi à rien. Et peut-être que c'était le cas. Il avait souvent entendu "loin des yeux loin du coeur", mais cela ne voulait pas dire pour autant que les blessures cicatrisent, et il en avait la preuve sous les yeux. Il n'était pas habitué à être autour d'Avery dans ses conditions. L'ayant quitté d'une rupture nette et précise la veille de son départ, il n'avait donc pas expérimenté le fait d'être aux alentours, sans pouvoir "être" avec elle. Toutes les années qu'il avait passé dans cette ville, il les avait passés à ses côtés. Amoureux et attentionné, ne faisant pas attention au monde qui les entourait. Alors évidemment qu'il était perturbé. Mais ce n'était encore rien. Lorsqu'il réalisa que la jeune femme avec qui il avait fait des plans pour le futur allait se marier, ce fut comme un choc. Evidemment qu'il n'avait pas le droit de lui en vouloir, évidemment qu'elle était libre de faire sa vie sans lui. Quelque part, il l'aimait tellement qu'il ne voulait que son bonheur. C'était la principale raison pour laquelle il l'avait quittée. Elle voulait se marier et avoir des enfants, elle vivait d'une vie paisible à la campagne. Ce n'était pas le genre de vie que Mason voulait mener. Il voulait partir à l'aventure et ne jamais être attaché à un endroit précis. Un mariage et des enfants, ce n'était pas dans ses plans. Jamais. Quand bien même il aimait Avery et voulait tout lui donner, il savait que s'il cédait à ses désirs, il finirait par la détester pour l'avoir "bloqué" dans sa vie de rêve. Pourtant, ce n'était pas du bonheur qu'il ressentait pour elle, mais plutôt une colère montante. Et il lui en fit la remarque avant même de s'apercevoir de ce qu'il faisait. Et il avait piqué là où ça faisait mal, vu la réaction de la jeune femme. « Toi qui disait à qui voulait l'entendre que j'étais l'homme de ta vie et que tu n'aurais que mes enfants, les miens... Eh bien, je suppose que finalement, tu n'auras pas mis longtemps à refaire ta vie. » Il la regarda furieusement, une attitude qu'il adoptait pour masquer la souffrance qu'il ressentait à l'intérieur. Une souffrance qu'il n'arrivait pas à expliquer, car il n'en avait pas le droit, mais qui était bel et bien là. « On a été ensemble pendant combien de temps ? Des années, tellement d'années que j'ai l'impression d'avoir passé ma vie avec toi. Et il te faut un an pour te marier avec un autre. J'aurais pas fait mieux. » A l'intérieur, il se maudissant. S'il avait encore une chance pour arranger les choses avec Avery, il venait sûrement de la foutre en l'air. Il croisa les bras sur sa poitrine, s'adossant au mur derrière lui. « Je le connais ? »

» (PRIS) EMMA STONE