(LIBRE) AVATAR AU CHOIX

« Comment ça se passe avec ton fiancé ? » A cette question le regard bleu de la jeune femme se tourna en direction de sa tasse de café dans laquelle se trouvait un thé, comme à son habitude. Son pouce posé sur le rebord de celle-ci elle le faisait tourner tout autour espérant ainsi que cela l'occupe le temps que cette question puisse s'évaporer dans la nature. « Je ne suis pas là pour te juger, nous avons tous des secrets. Moi le premier ! » Soudain, une douce chaleur s'empara de sa main gauche, chaleur qu'elle n'hésita pas une seule seconde à enlacer avec la plus grande des douceurs qui puisse prendre possession de son cœur. Elle releva son regard et le plongea dans celui de son voisin comme pour chercher un éventuel réconfort, qu'elle ne trouva malheureusement pas. A la différence de cet homme qui lui faisait face, Callista était tout de même doté d'un cœur, un cœur qu'elle s'efforçait de protéger de tout danger, si à son contraire la jeune femme savait que ses agissements causeraient du tort à certaines personnes, cela ne l'empêchait pas pour autant de s'enfoncer un peu plus chaque jour dans cette tombe de mensonges. « C'est mauvais. Ce n'est pas bon. » Lâcha-t-elle d'une voix cassée par le tremblement de sa gorge, elle essayait de retenir ses larmes, ses yeux se gonflaient alors qu'elle se perdait tout naturellement dans le regard froid mais ô combien rassurant de l'homme dont elle était éprise. « C'est ce que tu as dit la nuit dernière lorsque tu me faisais l'amour. » Et il n'avait pas tord, si officiellement pour son fiancé elle avait prétexté bossé à la bibliothèque pour un dossier qu'elle devait rendre dans quelque chose, officieusement pour elle, elle avait passé une bonne partie de la nuit dans le lit d'un homme avec qui elle couchait régulièrement depuis plusieurs mois maintenant. « On ne fait pas l'amour, on baise tout simplement ! » Grogna-t-elle finalement, agressive, lorsque Callista se retrouvait sans défense, c'est souvent par l'agression qu'elle essaya de se cacher, la méchanceté et la moquerie. Depuis son plus jeune âge d'ailleurs Callista avait été soumise à ces images, pour se détacher de sa sœur envers laquelle elle s'était elle-même mise en concurrence, si l'une faisait la joie des parents, l'autre au contraire c'était rapidement vu devenir le vilain petit canard de la troupe, celle qui essaierait d'une manière ou d'une autre de se démarquer de sa sœur aînée, celle qui avait toujours eu les éloges de ses parents, au contraire de la petite blondinette que l'on oubliait dans son coin alors qu'elle venait de se couper ses magnifiques cheveux blonds afin de ne pas ressembler à celle qu'elle admirait en secret. « Et tu dis souvent à ceux que tu baises que tu les aimes ? » Il avait continuellement réponse à tous, et elle ? Elle se retrouvait sans cesse nue face à lui, aussi bien dans le sens propre que figuré. Si au départ tout cela avait été un simple jeu entre eux, Callista et lui c'étaient bien vite brûler les ailes et prient à leur propre jeu dangereux. « Mes mots ont dépassé ma pensée, voilà tous. Tu n'es qu'un jouet, un amusement rien de plus. Tu ne me sers à rien si ce n'est alimenter ma soif de danger. » Reprenant lentement du poil de la bête, Callista refréna ses larmes, son regard humide il y a quelque seconde se transforma en un regard plein d'indifférence à l'égard du jeune homme qui lui faisait face. « Callie, tu te bûtes dans ton mensonge. Je sais ce que tu ressens, je le ressens également, mais tout comme moi tu es dans une impasse. Tu aimes vivre dans le danger, être à la limite du gouffre, on se ressemble, quoi que tu dises. » Assez, s'en était très certainement trop pour elle, d'un mouvement sec, sa main droite vint claquer sur la joue de son camarade. « Jamais ! Tu l'entends, jamais nous nous ressemblerons ! » S'emparant de son sac à main, la jeune femme lui tourna le dos et commença à faire claquer ses talons sur le sol pavé de la rue. Son cœur s'emballait tandis que son regard se dirigeait vers sa main à laquelle une bague y était ornée, comment pouvait-elle se dire amoureuse d'un homme si ses pensées s'en allaient vers un autre ? Comment pouvait-elle lui cacher ses agissements elle qui était d'une franchise sans égal ? Mais, c'est alors que ses pensées l'emmenaient dans un autre « monde » qu'elle sentit une pression dans son bras, pression qui la fit se tourner sur elle même, et, sans même qu'elle n'ait eu le temps de réagir elle sentit une chaleur douce et humide à la fois s'emparer de ses lèvres, un baiser à la fois beau et brutal, un baiser à la fois chaleureux et froid, doux comme la soie et dur comme la pierre. « Je t'aime. » Dans un simple murmure, son amant lâcha prise alors qu'elle le repoussait et, sans même réponse à ces mots qui lui réchauffait le cœur et la froideur de son apparence, elle s'en alla, heureuse d'avoir entendu ses mots mais également paniquée à l'idée de revoir l'homme qu'elle pensait aimer. Son fiancé.